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LETTRE OUVERTE

Berthou le 15/08/2022

Pierrick

La Ferme de Poulfang

Quimperlé 29300

 

 

 

A l'attention de M. le maire de Quimperlé, des élus de Quimperlé, des

de la communauté du pays de Quimperlé, de M. le député et de tous les

habitants du pays de Quimperlé.

 

 

Objet: Sécheresses et consommation d'eau*, là n'est pas le problème, au contraire, la

solution est même là!

 

 

       Quimperlé, août 2022, nous affrontons, depuis la fin du printemps, une sécheresse particulièrement sévère, et pourtant...

Et pourtant, plus de 31 milliards de litres d'eau! Voilà la quantité d'eau qui tombe sur Quimperlé, ville et campagne, lorsqu'il pleut 1000mm par an (c'est à peu de chose près notre moyenne pluviométrique) parfois c'est encore plus, parfois un peu moins. En cet été 2022, nos élus et autres autorités préfectorales en sont réduits à prendre des décisions urgentes devant l'étendue de la gravité de la situation. Ces décisions valent ce qu'elles valent, de toute façon les dégâts sont fait! Nos autorités en sont arrivées à considérer comme unique «solution» l'économie d'eau! Nous allons voir que laisser cette économie d'eau régenter notre politique de gestion de l'eau est une erreur gravissime qui ne fera qu'aggraver la situation.

 

       Je vous propose d'ouvrir réellement un débat sur la gestion de l'eau à Quimperlé, pour cela je souhaite remettre un peu de mathématique et de science afin de sortir de l'obscurantisme et autres croyances...

 

       Tout d'abord, il faut bien comprendre que toutes nos réflexions partent d'un postulat qui est «l'eau n'est pas une ressource inépuisable». C'est faux et archi-faux! L'eau obéit a un cycle qui sans cesse se renouvelle sous condition d'être alimenté. Depuis que la terre existe la quantité d'eau à notre disposition est rigoureusement la même. La terre n'a pas perdu une seule goutte d'eau depuis le début! Lorsque nous partons d'un postulat faux nous ne pouvons qu’égrainer des idées et propositions fausses, inutiles voire nocives...

 

       La situation est tellement inquiétante que nos responsables remettent en cause notre consommation d'eau* (la quantité d'eau quotidienne que nous utilisons). Notre consommation ( particuliers, entreprises, collectivités), chiffres officiels, est de moins de 200 litres (178litres) par jour, par habitant, si nous faisons le ratio précipitation-consommation nous trouvons le chiffre hallucinant de 2,46% ! Oui, 2,46% de la quantité de pluie qui tombe, voilà, ce que chaque Quimperlois utilise comme quantité d'eau(1). Il faut tout de suite comprendre que l'économie d'eau n'aura aucun effet, sinon sur notre facture d'eau, sur la situation actuelle. Et pourtant, nos élus et autres responsables, encouragés et influencés par certaines associations, et autres experts, ne cessent de pointer d'un doigt accusateur notre consommation, notre utilisation de l'eau! C'est totalement absurde. Cette économie d'eau va participer à rompre le cycle naturel de l'eau, de la pluie. Le remède sera pire que le mal! Et, la situation ne fait que s'aggraver d'autant plus que cette décision est partout -en Bretagne- en France- érigée en fer de lance.

 

       L'évaporation de l'eau:

       L'évaporation de l'eau qui nous est présentée comme, une horreur, du gaspillage absolu de l'eau, est en réalité un bienfait. En effet, c'est par la transpiration que nous régulons notre température corporelle. C'est par l'évapotranspiration que les plantes vertes évacuent la chaleur et c'est, aussi, par l'évaporation de l'eau que nos sols artificialisés éviteront les canicules. L'eau pour s'évaporer utilise l'énergie (chaleur)(2). La transpiration-l'évapotranspiration-l'évaporation est le seul moyen que nous avons, à notre disposition, pour évacuer la chaleur, c'est notre climatiseur naturel, c'est le climatiseur de la planète. C'est ainsi que l'on évite les canicules.

 

       La consommation d'eau*:

       «Il va falloir nous adapter», «il va falloir changer nos essences végétales», «il va falloir utiliser des plantes moins consommatrices d'eau» etc, ce type d'affirmation, on nous les rabâche à longueur d'année. Qu'en est-il réellement? Toute l'eau que nous absorbons, nous les humains, sera, à un moment donné rejetée ( urine, transpiration etc.). Il en est de même pour toute végétation verte. Et, justement, c'est cette capacité à rejeter de l'eau (transpiration-évapotranspiration-évaporation) qui permet de réguler la température et d'alimenter notre atmosphère en humidité. Cette humidité formera les futures pluies. Or, si nous utilisons des plantes qui utiliseront moins d'eau, mécaniquement elles rejetteront moins d'eau. Moins d'eau rejetée = moins d'eau dans l'atmosphère = moins de baisse de température = moins de pluies = plus de canicules et donc plus d'incendies!

       Un pommier utilise 200 litres d'eau par jour.

       Un chêne ou châtaignier c'est environ 500 litres par jour.

       Un peuplier utilise 1000 litres d'eau par jour.

Voilà, la consommation colossale de quelques types d'arbres. Faudra-t-il se résoudre à les abattre afin d'économiser l'eau? C'est exactement ce qu'a fait la Californie! Pour quel résultat? Aucune régression de la situation, même pas une stabilisation. La situation s'est dégradée. Cette idée est une pure folie. Avant le remembrement, la Bretagne était une région réputée, et même un peu moquée, pour la quantité de pluie qu'elle recevait. Alors qu'il y avait des arbres partout , ces arbres qui forcément utilisaient beaucoup d'eau.... Depuis, la situation s'inverse. Si nous persistons, dans 10-15

ans la Bretagne sera, sans nul doute, dans la même situation que les Deux-Sèvres ou que le sud de la France.

       Il ne pleut pas dans le désert parce qu'il n'y a pas de végétation et il pleut quasi constamment dans les forêts équatoriales parce que la végétation y est luxuriante et abondante: C'est la végétation qui fait le climat et pas l'inverse. Utiliser de l'eau n'est pas du gaspillage! Cependant, le gaspillage de l'eau existe bien, mais il n'est pas où on croit. Le gaspillage de l'eau a lieu lors de nos mois pluvieux, lorsque nous regardons béatement tous ces milliards de litres d'eau couler dans nos rivières (Ellé-Isole-Laîta) et partir vers l'océan!

 

       La continuité écologique:

       Voilà une invention franco-française dont aucun pays au monde ne veut, et pour cause! Que dit cette continuité écologique? En un mot, elle dit, et la loi nous l'impose, qu'aucune entrave ne doit altérer l'écoulement de l'eau. Rien ne doit empêcher l'eau de s'écouler! C'est tout simplement remettre en cause des millénaires d'empirisme et d'expérimentations fructueuses. En effet, cela fait bien longtemps que les humains cherchent et trouvent des solutions pour affronter les périodes de pénuries d'eau. Et, depuis l'an 2000, il a été décidé que rien ne devait empêcher l'eau de s'écouler. Quelle folie ! On voudrait expulser toute notre eau douce de notre territoire que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Même les castors ont compris que s'ils voulaient de l'eau en permanence, ils devaient construire des barrages. Faut-il les détruire au principe de l'application de la continuité écologique ?

 

 

       L'irrigation:

       L'irrigation, voilà un sujet qui radicalise le débat alors qu'en définitive, irriguer permet de remettre de l'eau sur nos sols agricoles, permettant de les humidifier, donc de baisser la température, par évaporation et évapotranspiration. Les cultures sont sauvées, notre alimentation est préservée et au final les incendies sont évités. Cependant, plusieurs bémols apparaissent. Les conditions de remplissage des réserves d'eau et les conditions d'accès à ces réserves...L'eau est un bien commun, elle nous appartient à TOUS. La vigilance s'impose quant à l'accès à ces réserves d'eau. Avoir accès à l'eau est un droit à produire donc un droit de vie! Les conditions d'accès à cette eau doivent être clairement définies. Le plus gros handicap de l'irrigation, en plus de coûter cher, est de tenter de régler une conséquence sans s'attaquer à la cause. En définitive, il faudrait utiliser l'irrigation avec parcimonie, lors de périodes sèches. Ce qui serait le cas avec un cycle de pluies restauré. Mais, ce n'est pas scandaleux que d'irriguer, bien au contraire cela a du sens.

 

       A la lecture de cette lettre, vous comprendrez que l'économie d'eau n'est pas une solution. Ainsi, je voudrais vous alerter sur la situation de nos campagnes qui se transforment en paillasson, que nos animaux souffrent du manque d'eau et de la chaleur, et que les alimenter risque d'être de plus en plus compliqué dans les prochaines semaines et mois! Des exploitations sont menacées de disparitions, faute d'eau (maraîchages mais pas seulement), à l'issue de cette sécheresse. Pour nos concitoyens, le quotidien devient difficile voire insupportable, car nos villes se transforment en étuves. Et pourtant, plus de 31 milliards de litres d'eau, parfois plus de 40 milliards de litres d'eau transitent par Quimperlé sous forment de pluies. Même en année «sèche» nous sommes arrosés par au moins 25 milliards litres d'eau de pluies! L'eau ne manque pas et ne manquera pas, il faut juste réguler son flux et l'utiliser abondamment, de toute façon l'eau terminera toujours sa course dans la rivière. Pour cela, il sera nécessaire de dénoncer la continuité écologique, telle que définie, appliquée et imposée. Ensuite, favoriser le ralentissement de l'écoulement afin de privilégier l'infiltration. Tout cela devra être accompagné de bassins de récupération et d'infiltration de l'eau (3), ce que fait déjà la nature sous forme de mares, de lacs et d'étangs. L'utilisation de bassins d'expansion et d'infiltration, en sortie de zones artificialisées, permettra d'autant plus de réduire considérablement le risque d'inondation. Remettre de l'humidité dans nos sols et dans notre atmosphère dans le but de réenclencher le cycle naturel de la pluie. Il sera nécessaire de revégétaliser notre environnement, ville et campagne, et cesser d'EXPULSER notre eau.

       Nous n'avons pas à subir de telles situations, nous ne devrions pas et ne devrons pas laisser certaines associations autoproclamées écologistes mener et avoir le monopole sur le débat et sur la politique de l'eau, de notre eau à TOUS! Le centre du problème ne doit pas être réservé à l'agriculture. Tout le monde doit « balayer devant sa porte». L'organisation de nos cités a de grandes responsabilités… Cette sécheresse une fois passée, il nous faudra tirer des enseignements, sous peines de lendemains difficiles. Allons-nous continuer à regarder benoîtement l'eau s'écouler? Ouvrons le débat et que chacun ait sa place. Les sécheresses se préparent mécaniquement l'hiver! Moins nous utiliserons l'eau, moins nous en aurons à notre disposition.

 

 

                 Mmes et Mrs les élus et les habitants de Quimperlé et de la communauté de Quimperlé, M. le député, veuillez croire en mon entière considération et ne doutez pas que les solutions existent et ne sont pas onéreuses. Je me tiens à votre entière disposition.

 

 

Berthou Pierrick

Agriculteur, La ferme de Poulfang.

Quimperlé 29300

 

       *:nous ne consommons pas l'eau, nous l'utilisons.

 

 

Notes:

(1) -superficie de Quimperlé:3173 hectares

-pluviométrie moyenne: 1000 mm

-population: 12 000 habitants

-quantité d'eau qui tombe par an sur notre territoire: 31 730 000 000 de litres d'eau.

Soit 2 644 167 000 par habitant par an ou encore 7 244 litres d'eau par jour.

 

(2) il faut 500 fois plus d'énergie pour évaporer 1 litre d'eau que pour monter sa température de 1 degré!

 

(3) Bassins de rétention, ou bassin d'expansion et d'infiltration:

La nature créée des mares, des lacs et des étangs, imitons là! Pour cela, il suffit de creuser dans le sol un trou qui aura une forme de «poire», avec une entrée et une sortie d'eau, les flancs de ces réserves d'eau ne devront pas être lisses et imperméabilisés, ils devront être étagés afin de favoriser la circulation de l'eau. Une eau qui circule est une eau qui «vit». Un bassin de récupération d'eau doit obligatoirement être accompagné de végétation (arbres, arbustes et de végétaux verts) afin de favoriser l'évapotranspiration.

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https://lareleveetlapeste.fr/sil-ne-pleut-pas-dans-le-desert-cest-parce-quil-ny-a-pas-darbres-et-non-linverse/

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